Pause littéraire : Des Tournesols à Van Gogh

Publié par Marie-France Chocot

Les champs de tournesols en Ariège m'ont tout de suite fait penser à Van Gogh. Dès que l'instant me sera donné, je réaliserai une broderie avec des tournesols.

En 2009, j'avais composé ce poème intitulé "Lettre à un Ami" car, parfois, Van Gogh m'inspire. Je vous livre ce poème ci-après.

 

Lettre à un Ami

 

Sais-tu mon ami, que l'autre soir, place Lamartine, au café de nuit,

Sur une table tout près du billard, j'ai imaginé que je viendrai te voir.

 

Pourquoi ne suis-je pas revenue ? 

Qui, de force, m'en a empêchée ?

 

Ce soir là, je revis l'amour pour ton frère, Théo, pour qui,

A l'époque marchand d'art à Montmartre, et rencontré par hasard,

J'ai peint l'aquarelle de notre amitié.

 

Rappelle-toi,

Ta maison de Cuesmes aux huit ouvertures,

Tu la quittas pour une cabane sans couverture,

Petite bâtisse, au fond de la maison du boulanger.

Sur la paille jaunie, tu m'invitas à partager tes récits :

Ta jeunesse près de Breda "sombre, froide et stérile..."

Ton manque de chaleur hurlé aux alentours du village

Ces "rudes épreuves de la misère longue et trop grande"

Le mineur du Borinage avec qui tu luttas contre le patronat

Et chez qui tu séjournas quelques années plus tard.

Et en secret, je lisais ton recueil, mon Evangile.

 

Pourquoi ne suis-je pas revenue ? 

Qui, par force, m'en a privé ?

 

Je t'aurais accompagné, suivant de mes pas ton regard.

Je t'aurais apporté les œuvres de Dickens et celles de Zola.

Comme jadis,

L'odeur des champs de blés et dans une étable celle du fumier,

Transpercent la peinture de tes toiles pour mieux tout nous raconter :

Les repas, dîners à la table des mangeurs de pommes de terre,

Les promenades, sous le regard des yeux bruns des tournesols,

Les balades de couleurs au milieu des peupliers de la Provence,

Les mélanges contrastés du contre jour à la pleine lumière.

 

De l'accumulation du rouge pur, du jaune blanchi, du bleu au vert,

Je n'ai rien oublié.

Et t'apprenant à ne pas rester étranger à l'amour des autres,

En secret, je déracinais ton mal de vivre.

 

Je me souviens que tu quittas le Nord pour les apparences

Pour ces étés éclatants des paysages brûlants du Sud de la France.

Tu sais qu'à Arles, j'ai retrouvé le calme de ta chambre

Aux deux portes et une fenêtre

Toujours ouvertes vers les nuits étoilées des dessus du monde.

Chaque jour je m'y glisse pour mieux sentir ta présence,

Et sur le mur de ton lit, parmi tes peintures accrochées,

Comme pour diffuser le rayonnement de tes toiles en ton intérieur,

J'ai cloué les "figures" des paysans de Millet.

 

Je ne veux pas te voir attendre en silence.

J'ai si peur que ton regard s'assombrisse.

De moi, avec l'amour de notre Père, en bâtisse,

Je te promets la beauté de l'Eternel.

 

Pourquoi ne suis-je pas revenue ?

Qui, aujourd'hui, pourrait m'en empêcher ?

 

Au risque de notre vie,

Un soir,

Bientôt, crois-moi, garde l'espoir,

Où que tu sois, je viendrai te voir.

Publié dans Pause littéraire

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